But et Objectifs du Mouvement
- L’organisation « Citoyens et Citoyennes dans un État » a pour but de lancer un mouvement politique organisé qui vise à apporter une contribution décisive à la création d’un État à part entière au Liban; un État Laïc, Démocratique, Juste et Capable ainsi que de restaurer le sens de l’action publique et conforter son efficacité et cela en invitant le citoyen, à travers la production de connaissances et les expériences de lutte, à faire le choix de l’établissement de l’État étant donné qu’il est le garant de ses droits fondamentaux et de sa dignité humaine.
- La situation locale, régionale et mondiale dans ces circonstances historiques justifie la priorité accordée à l’établissement d’un État puisque l’État, ici et maintenant, est un besoin fonctionnel pour préserver la société. Tout en sachant très bien que l’État n’est autre qu’un agencement ponctuel et circonstanciel qui peut adopter différentes formes plus ou moins stables, efficaces et valorisantes dont l’adaptation se trouve au cœur de l’action politique.
- L’État est l’institution à laquelle une société déterminée délègue la formulation des rôles collectifs et individuels qui se forment en son sein et la hiérarchisation qui en résulte. Une formulation qui constitue un système de référence théorique et c’est donc une institution qui revendique le droit et la responsabilité, admis par la société, d’imposer le respect de ce système, c’est-à-dire l’acquisition du pouvoir.Une multitude de sociétés sont incapables de construire un État, mais bien au contraire, ces sociétés résisteront aux tentatives de son établissement, car ce dernier a tendance dans les situations délicates qui menacent sa structure, à affronter les positions d’autorité sociétale, et en général assigne ce que nous appelons des responsabilités que tentent d’éviter les autorités sub-étatiques à travers le repli, la dépendance, la manœuvre ou « la distanciation ». L’État accroît le niveau des risques et les gains potentiels, puisqu’il entretient des relations directes avec la réalité intérieure et l’extérieur.
- L’efficacité de l’État est déterminée, à l’intérieur comme à l’extérieur, par sa capacité à mobiliser ses propres ressources au moindre coût, c’est-à-dire sur l’étendue de sa légitimité.Il acquiert sa légitimité, c’est-à-dire l’acceptation par les citoyens de son autorité, tout d’abord, à travers l’engagement strict de son appareil à avancer l’intérêt public qu’il prétend représenter face à tout autre intérêt soit-il collectif ou individuel. C’est ce qu’on qualifie de bonne gouvernance en opposition à la corruption de l’État. L’intérêt public n’est pas un ensemble d’idées abstraites, mais plutôt une représentation admise par la société (et pas nécessairement dans les textes) des fonctions de contrôle qui justifient originellement la création de l’État en tant qu’appareil qui mobilise les ressources et s’emploie à les répartir en rôles et groupes sociaux. La nature formelle et professionnelle de l’État requiert l’élaboration de cadres réglementaires pour son travail et ces cadres impliquent une contrainte fondatrice entre l’acquisition de la légitimité, c’est-à-dire la loyauté, en échange de l’octroi ou de l’acquisition de droits.
- Cependant, la structure conceptuelle formelle de l’État, que ce soit dans ses formes juridiques modernes ou religieuses traditionnelles, et malgré le fait qu’elle revendique la caractéristique fondatrice de son rôle, ne peut être dissociée des rôles collectifs et individuels formés au sein de la société. Ces rôles ne sont pas fixes et cela en raison des évolutions historiques de la société et du monde.Par conséquent, l’État est tiraillé par le paradoxe entre son engagement à servir « l’intérêt public » et de cadrer et résoudre les différends d’une part et son adaptation aux exigences du système sociétal et ses intérêts prédominants et changeants d’autre part. L’État est donc à la fois un outil de gestion des intérêts de la société selon des règles spécifiques et un espace permanent de confrontations politiques qui reflètent les tentatives de blocs d’intérêts à changer les règles de gestion de la société. D’où la nécessité de faire la distinction entre la gestion et la politique ainsi que le danger de négliger ou dissimuler l’une ou l’autre des deux facettes.
- Et puisque l’État est par nature un agencement ponctuel, séparant l’intérieur de l’extérieur, en terme d’individus et de territoire, avec pour objectif d’organiser l’interaction entre eux de manière à servir les intérêts de l’intérieur, le projet Libanais pour l’État, dans la mesure où il représente une valeur pour les citoyens en son sein, est de fait un projet politique pour la région et le monde dont le succès présenterait un nouveau modèle justifiant la nécessité et de la légitimité de la création d’États dans l’espace régional, à commencer par les relations entre les États Libanais et Syrien.Ce projet se trouve en opposition à un cheminement long et enraciné dont la manifestation est la fragmentation de la société et dont le fondement est la relation indirecte avec le pouvoir et la séparation abrupte entre les structures de la société et le pouvoir de fait. Enfin, ce projet se reflète dans le cours historique et politique ainsi que dans les modèles de comportement individuels et sociétaux. Dans le cours historique, le pouvoir s’est imposé comme s’il était extérieur à la société, que ce soit un Sultanat, un État colonial, un État « indépendant » ou un régime militaire. Par conséquent, la société cherche à rester dans les bonnes grâces du pouvoir lorsqu’elle le craint et essaie de s’en emparer lorsqu’elle le peut. De son côté, le pouvoir traite avec les réalités sociétales de la même façon mêlant trêve et oppression. Cette interaction réciproque entraîne une vulnérabilité envers l’extérieur, ce qui lui permet, à tout moment, d’exploiter plus facilement le déséquilibre entre les ressources humaines, matérielles et intellectuelles qui résulte de cette fragmentation pour apprivoiser les pouvoirs établis. Par conséquent, l’autoritarisme, l’injustice, l’ignorance, le désespoir et la destruction se perpétuent, à commencer par l’occupation sioniste de la Palestine jusqu’à l’asservissement honteux à l’extérieur adopté par plusieurs régimes.