Plus la confiance dans l’État a été faible, plus les actions de terrains ont été déterminées. Sans pour autant être déterminantes. Si elles ont permis à beaucoup de tenir ou d’espérer, elles n’ont pu freiner la pollution de cette mer où nous ne pouvons plus mettre le pied. Ni celle de l’air que nous ne pouvons plus respirer. Elles n’ont pas empêché le grignotement de ce territoire lépreux que nous laisserons en héritage à nos enfants. Ni l’anéantissement de Beyrouth. Pour légitimes et utiles qu’elles soient, ces actions n’ont pas pour autant la capacité d’avoir un impact systémique sur un pays qu’elles tentent de sauver malgré lui.

Pour l’écrivaine Dominique Eddé, il faut profiter de l’affaiblissement des forces politiques corrompues pour refonder le pays et développer les infrastructures. Elle compte sur le parti Citoyens, citoyennes dans un Etat pour mener au plus vite ce travail de la dernière chance.

Nous essayons de faire émerger une alternative radicale et structurée. Nous discutons avec des généraux à la retraite pour avoir une voix qui freine un engagement possible de l’armée dans un arrangement sécuritaire. Car elle est composée de recrues des différents chefs communautaires et pourrait, en cas d’instrumentalisation, se trouver en position d’éclatement.

le fonctionnement du système reposait sur l’accumulation permanente de capitaux qui s’enregistraient comme des créances financières, que ce soit sous forme de dépôts bancaires ou de titres de propriété foncière et immobilière, afin de faire croire que l’on disposait d’argent alors même qu’on le dépensait puisqu’il était intégralement prêté domestiquement au privé comme à l’État, par l’entremise de la Banque centrale, pour financer la consommation et le déficit extérieur

« Il n’y a pas d’État au Liban », souligne l’économiste Charbel Nahas, l’une des figures de la contestation. « Le vrai système est une sorte de coopérative de chefs de guerre qui ont organisé entre eux un système de veto réciproque

Je pense que le combat que nous menons a une portée domestique, régionale et pointe des enjeux qui touchent le monde entier.

L’écrivaine libanaise Hala Moughanie dénonce l’incurie de la classe politique du pays, qui s’appuie sur le système confessionnel pour conserver ses avantages.

M. Nahas dénonce un « système composé de chefs communautaires de toutes obédiences, des banques et du gouverneur de la banque centrale, prêt à détruire la société » pour assurer sa survie. Il prédit un appauvrissement sidéral, un risque de violences et une émigration massive. Des Libanais ont déjà fait leurs valises.