Communiqué politique concernant l’or du Liban
La coalition des six dirigeants, des banques et de la Banque centrale, a apparemment pris la décision implicite de liquider la société, par l’intermédiaire des mandataires des dirigeants sectaires et des milliardaires de connivence au sein de la Commission des finances et du budget d’une part, et par l’intermédiaire du gouvernement irrésolu qui a gaspillé des ressources et du temps en dilapidant en un an un montant équivalent à la valeur globale des réserves d’or libanaises d’autre part.
Après avoir épuisé les milliards restants par des décisions arbitraires, ou plutôt par l’absence de décisions, ils ont tourné les yeux vers les réserves d’or qui sont notre dernière ressource grâce à laquelle nous pourrions établir une couverture médicale et une éducation gratuite pour tous les résidents afin de protéger notre société de la désintégration et de la guerre. Ce sont les deux piliers sur lesquels nous construisons une économie forte et productive qui permettrait aux Libanais de vivre dignement de leur travail, de leurs capacités et de leur expertise, et non dans une logique de clientélisme et d’appel à l’aide.
Nos réserves d’or sont les richesses que nos parents et grands-parents ont historiquement accumulées au lieu de les investir dans l’économie et le développement, et dans un système de sécurité sociale qui aurait pu freiner les vagues d’émigration. Il aurait également pu limiter l’accumulation et la concentration excessives des richesses, qui ont été l’une des raisons de la guerre civile libanaise.
Ces réserves d’or – que les Libanais ont payé de leur sang et de l’émigration de leurs enfants – sont notre dernière ressource pour établir un véritable État qui protège ses résidents et préserve leur dignité. L’attaque de ces réserves par les seigneurs de la guerre est une attaque contre nos parents, leurs sacrifices et leur sang, mais pas seulement. C’est aussi le gaspillage d’une occasion exceptionnelle de construire une économie forte et un État efficace. Nous nous opposerons, par tous les moyens et sur tous les fronts, à sa dissipation par les seigneurs de la guerre qui cherchent à prolonger la vie de leur régime de quelques semaines ou de quelques mois afin que les libanais restent prisonniers du régime actuel comme ils sont eux-mêmes prisonniers de leurs parrains extérieurs.
Ils ont décidé de pousser les libanais à l’émigration forcée pour ceux qui le peuvent, et au désespoir et à l’humiliation pour ceux qui restent et sont prisonniers de leur système. Cependant, ils n’ont pas considéré que nous avons décidé de nous battre pour préserver notre société de la désintégration, de l’effondrement et des conflits internes. Un conflit vers lequel nous dérivons à cause de leur incompétence et de leur manque de responsabilité.
Face à l’accélération de l’effondrement, à l’impuissance des autorités et craignant pour les richesses restantes – qui pourraient sauver l’avenir de ce qui reste de la société, le moment est venu pour chacun d’entre nous de faire le choix de transformer cette tragédie en un moment historique. Un moment qui permettra à notre société de se libérer de l’emprise des dirigeants sectaires pour devenir un État et juste. Un État capable de nous protéger et de préserver notre dignité, ainsi que celle de nos enfants, de la misère et l’ignorance, en mettant en place une couverture santé universelle et une éducation publique gratuite et de qualité pour tous les résidents. En outre, cet État envisagé sera capable de redistribuer les richesses et les revenus, y compris l' »aide étrangère » – quelle que soit sa forme – d’une manière juste afin de protéger la dignité de tous les résidents. Au lieu d’abuser de cette aide à des fins de clientélisme par l’autorité des chefs sectaires traditionnels ou leurs « rajeunisseurs » dans certaines organisations pour prolonger la vie de ce système et de ses instruments. Telle est notre priorité aujourd’hui. C’est notre combat.
Les réserves d’or sont tout ce qui reste à cette société pour construire une économie qui assure une vie digne à chacun d’entre nous et pour établir un État civil effectif qui veillera sur notre intérêt collectif, en tant que citoyennes et citoyens.