Pas d’immunité pour un pouvoir incompétent et devenu illégitime

Le 4 août prochain ne sera pas un jour de triste mémoire pour les victimes du drame du port de Beyrouth, il sera un jour de plus d’un crime qui perdure, qui continue à infliger aux familles des souffrances quotidiennes dans leur quête de justice et de dignité pour leurs enfants et leurs conjoints. Cette souffrance révèle au plein jour que ce système n’accorde aucune valeur à la vie humaine. Il base sa légitimité sur la défense des droits des sectes et non sur la défense des droits humains. Cette légitimité, il l’a perdue non seulement par son incapacité à défendre notre société des crises, mais pire encore, en étant complice du meurtre des gens, en les affamant et en mendiant à leurs dépens.

Ce régime défend farouchement son autorité sous prétexte d’« immunité ». Il n’y a pas d’immunité pour la couverture d’un crime, ni pour une autorité incapable, incompétente et illégitime. Les complices coalisés de ce régime en sont pleinement conscients, malgré leur arrogance, leurs manœuvres et leurs dénégations face à la légitimité de la question des victimes du drame du port de Beyrouth d’une part et envers notre lutte politique qui a commencé à changer les rapports de force d’autre part.

Ceux qui ont organisé le sabotage de l’État par une guerre de milices qu’ils ont conclue en s’octroyant une amnistie et un ensemble serré d’immunités mutuelles, après que les gens eurent tout accepté par désespoir pour arrêter le massacre, sont à présent sur la défensive. Cette coalition de partis sectaires ainsi que son levier financier sont tombés. Son impuissance est flagrante devant ses propres partisans, la société toute entière et le monde entier.

Il n’y a plus place au clientélisme et rien ne peut plus être accepté sauf à menacer d’un retour à la guerre civile.

Aujourd’hui, le combat des familles des victimes et leur prise de conscience du besoin urgent d’un État réel, capable et efficace nous inspire. Comme eux, nous réclamons un État qui traite la société en tant que société, et les citoyens en tant que citoyens. Nous dénonçons l’État qui soudoie pour se payer une légitimité sur des fonds livrés au pillage, ou qui menace et intimide une fois que les sources de financement se sont taries.  Sans un État véritable, c’est-à-dire sans un État de droits civils, et peu importe les efforts de certains juges courageux, il n’y aura aucun moyen pour que la vraie justice soit rendue.

Aujourd’hui, et tous les jours, nous déclarons notre pleine solidarité avec les familles des victimes.  Nous nous joignons à leurs mouvements de pression sur l’autorité impuissante, criminelle et incapable, sous laquelle aucune justice ne peut être rendue. Nous leur promettons que nous continuerons à intensifier notre lutte contre le pouvoir illégitime actuel, afin de transformer les malheurs cumulés de notre société en sacrifices. Des sacrifices pour construire un État qui tire sa légitimité de l’instauration des droits civils, sociaux et juridiques des citoyens, leur assurant ainsi une vie digne. Cela transformera le crime du 4 août d’une tragédie en un évènement fondateur dans la construction du nouveau Liban.